La musique à Downsview

Tout le monde sait que le festival SARSStock, mettant en vedette les Rolling Stones, AC/DC, Rush et d’autres, s’est déroulé à Downsview. Mais peu de gens savent que Downsview est également connu pour avoir déjà abrité la plus grande boîte de nuit au Canada, ainsi qu’un auditorium où se produisaient les groupes les plus populaires de Toronto. En fait, Downsview a déjà été une destination prisée pour les amateurs de musique. Ceux-ci se rendaient dans la haute-ville et « dans l’ouest » pour participer aux soirées dansantes organisées dans les salles communautaires, les sous-sols d’église et les YMCA du quartier. Au début, la musique country et le rock and roll étaient à l’honneur. Plus tard, le quartier a vu émerger des vedettes du hip-hop et du R&B.

A black and white group photo at the Crang Plaza Jamboree.
Crang Plaza Jamboree, photo pour la vidéo : Fred Hussey sings Don’t We All Have The Right.

En fouillant un peu, on découvre que la musique en direct a vu le jour à Downsview à la fin des années 1950, avec des « jamborees » de musique country à l’auditorium Crang Plaza de 200 places. Au nombre des têtes d’affiche, de grandes vedettes comme Jim Reeves. En quelques années, le country avait cédé la place aux sons pop de Roy Orbison, Bobby Goldsboro, Ike & Tina Turner, ainsi qu’à des vedettes locales comme the Majestics, the Soul Searchers, the Tiaras, et la sensationnelle étoile transgenre de la musique soul Jackie Shane. L’action ne manquait pas au Crang : un groupe bruyant a même enterré le chef du NPD, Tommy Douglas, qui s’efforçait de prononcer un discours de campagne dans une autre partie de l’édifice.

Au Hook and Ladder, boîte de nuit de 700 places qui se trouvait dans l’hôtel Beverly Hills Motor Hotel, des légendes de la musique comme Brenda Lee, Duke Ellington, the Everly Brothers et Carmen McRae attiraient des spectateurs du centre-ville et des quartiers avoisinants. Au milieu des années 1970, le Hook and Ladder est passé au blues de B.B. King et au son caribéen de Byron Lee & the Dragonnaires, reflétant l’évolution des goûts du public et la démographie du quartier.

A bright red Hook & Ladder Club matchbook.
Pochette d’allumettes du Hook & Ladder Club.

Des recherches plus poussées nous permettent de découvrir que des concerts et soirées dansantes avaient lieu partout à Downsview dans les années 1960 et 1970 : à Yorkwoods Village, au centre communautaire Amesbury, à l’Université York, au YMCA et à l’aréna de Downsview. En plus d’accueillir des soirées dansantes, l’école Downsview Collegiate (aujourd’hui l’école secondaire Downsview) a produit quelques élèves qui ont fait carrière dans la musique par la suite. Jay Telfer, chanteur de la formation A Passing Fancy, Scott Richards, bassiste de David Clayton-Thomas, Bernie Finkelstein, gérant de Bruce Cockburn et fondateur de la compagnie de disques True North Records, ainsi que Zal Yanovsky, vedette du groupe Lovin’ Spoonful, étaient du nombre. Fait intéressant, le père de Zal était le caricaturiste juif du Parti communiste du Canada.

A photo of Zal Yanovsky holding a guitar on the left, and Jessie Reyez looking up at Drake on the right.
À gauche : Zal Yanovsky, photo : Canadian Jewish Record/à droite : Jessie Reyez et Drake, photo : @champagnepapi

Dans les années 1980, 1990 et les suivantes, c’est le quartier Jane and Finch qui a eu le plus grand apport à la musique de Downsview. Les pionniers canadiens du hip-hop Michie Mee et Dream Warriors ont des racines dans ce quartier. Plus récemment, les rappers Pressa et Chuckie Akenz ont émergé de Jane and Finch, tandis que les chanteurs de R&B Glenn Lewis et Jully Black y ont tous deux déjà habité. La plus grande vedette à provenir de ce secteur de la ville est vraisemblablement Jessie Reyez. Lauréate de trois prix Juno et nommée aux Grammy Awards, l’artiste a été élevée par ses parents colombiens dans le quartier Jane and Finch. Elle a collaboré avec de grosses pointures comme Calvin Harris et Eminem. 

L’histoire musicale de Downsview est étonnamment riche, et aussi variée sur le plan stylistique que le secteur est diversifié sur le plan ethnique. Les photos et récits d’artistes, de paroliers, de gérants, d’imprésarios et d’amateurs tout au long des diverses décennies attestent de la contribution de taille de la musique au caractère distinctif de Downsview.