« Little Manilla » et les liens de Downsview avec les Philippines

Depuis les années 1960, Toronto est une destination pour de nombreux Philippins en quête de nouvelles possibilités et d’un nouvel endroit où s’installer. Au début, la communauté avait tendance à se rassembler au centre-ville, autour des rues Church et Parliament, ainsi que de St James Town, où ils vivaient dans des tours d’habitation. Mais avec l’arrivée de nombreux travailleurs de la santé, soignants et résidents permanents philippins au cours des années 1980, les personnes en quête de communauté et de culture ont gravité autour de Downsview et de la région plus étendue de North York. L’intersection de Wilson et de Bathurst est désormais connue par beaucoup comme « Little Manila » (la petite Manille), un centre florissant d’entreprises, de restaurants et de services philippins. Les guides de Heritage Toronto et de Jane’s Walk proposent depuis 2016 des visites guidées à pied du quartier qui renseignent sur les changements et les transitions dans les schémas des secteurs de la vente au détail et de l’immobilier résidentiel.

A collage of different landmarks in the Little Manilla neighbourhood, and a map highlighting Filipino businesses.
En haut : jardin Mabuhay dans le parc au sud-est de Bathurst et de Wilson; au milieu : les participants de Jane’s Walk 2018 de Little Manila découvrent la Daily Bread Bakery et sa propriétaire, Ate Judy, pâtissière depuis l’âge de 15 ans. L’endroit est devenu un incontournable de la communauté; en bas : un buste du héros national philippin Jose Rizal dans le parc Earl Bales de North York; à droite : carte de la visite guidée à pied de 2018 de Little Manilla, à Toronto. (Toutes les images sont une courtoisie de Heritage Toronto.)

« Les Philippins qui sont venus travailler ici cherchaient un endroit où se détendre avec les autres, où profiter d’une nourriture et d’une culture familières. À Bathurst et Wilson, les conditions du succès étaient réunies pour les locations résidentielles et commerciales », explique Diana Rolden, stagiaire en architecture et l’une des guides de la visite guidée. Diana est arrivée ici en 2011 et s’est installée dans le quartier de Finch et de Bathurst avec sa famille, ce qui fait d’elle une Philippine immigrée de première génération. Elle a immédiatement entrepris d’étudier les données de recensement sur les locuteurs de tagalog dans différents quartiers de Toronto et d’interroger les commerçants et les habitants pour comprendre comment le quartier est devenu un pôle d’attraction pour les Philippins durant les années 1990.

« En parlant aux gens de la communauté, j’ai découvert que le quartier semblait avoir été établi par des aides familiaux philippins qui profitaient des loyers abordables offerts dans les immeubles d’habitation de moyenne et grande taille, situés à proximité, le long de Bathurst et de Wilson », explique-t-elle. La plupart des aides familiaux vivaient avec leur famille d’accueil pendant la semaine, mais les jours de congé de fin de semaine, ils restaient dans leur propre logement et se rendaient dans les centres commerciaux locaux, les parcs et les aires d’agrément communautaires pour socialiser et faire leurs achats. « Parfois, deux ou trois femmes se partageaient un logement, pour économiser de l’argent et en avoir plus à envoyer à leur famille », explique la jeune femme. Après deux ans, elles pouvaient faire venir leur propre famille, ce qui signifiait souvent qu’elles s’installaient dans la région qui leur était familière et accueillante. Les services d’établissement locaux pour les Philippins se sont développés, notamment avec la création du centre multiculturel Kababayan, au Bathurst Finch Hub en 2013, où se trouvent également un jardin communautaire et un marché fermier. 

A group of people, including Prime Minister Justin Trudeau, holding a banner at a park.
Le pique-nique 2015 de la fête de l’indépendance des Philippines, Salu-salo Sa, au parc Earl Bales de North York, avec Justin Trudeau et sa famille.

« Chaque année, il semble qu’il y ait de nouvelles entreprises philippines ici, explique madame Roldan, comme des restaurants, un dépanneur avec un petit salon de coiffure à l’arrière ou des magasins qui offrent également des services de transfert de fonds. Au deuxième niveau, on trouve des écoles de langues, des bijouteries, des cabinets d’avocats et des centres de formation professionnelle pour les aides familiaux. Les entreprises semblent petites, mais elles répondent à de nombreux besoins. » 

Selon les données du recensement de 2016, plus de 250 000 Canadiens d’origine philippine vivent désormais à Toronto et célèbrent leur patrimoine avec fierté, notamment grâce au lever de leur drapeau à l’hôtel de ville et à l’organisation d’événements tout au long de l’année, à Downsview et dans les environs. Il s’agit notamment du festival gastronomique Taste of Manila, qui se tient en août, et du pique-nique annuel Salu-salo Sa, qui célèbre le jour de l’indépendance des Philippines, en juin. Le festival, qui a maintenant 20 ans, a lieu près du parc Earl Bales et rassemble les Philippins pour célébrer leur patrimoine avec de la nourriture, des projections de films, des démonstrations d’arts martiaux, de la danse et un tournoi de basketball au gymnase de basketball du parc Downsview, le HoopDome. Le buste du héros national Jose Rizal, poète et essayiste du XIXe siècle qui a inspiré le mouvement nationaliste ayant mis fin à la domination coloniale espagnole, témoigne également de l’importance de la région pour les Philippins. En 2016, Mabuhay Gardens, un petit parc près de Wilson et de Bathurst, a été inauguré par le conseiller municipal James Pasternak en reconnaissance de la communauté philippine locale.