La vie sur la base de Downsview
La présence de l’armée canadienne à Downsview était évidente grâce aux panneaux, aux clôtures et au trafic aérien et routier occasionnel, mais la vie à l’intérieur de l’enceinte était plutôt mystérieuse pour les gens de l’extérieur. À son apogée durant les années 1970 et 1980, environ 3 000 membres du personnel militaire et leur famille ont répondu à l’appel du devoir à la Base des Forces canadiennes Toronto. Chargés de protéger l’espace aérien de Toronto en cas de guerre, les officiers, les soldats et les membres de la réserve et de la milice ont concentré leurs efforts quotidiens sur la logistique et le ravitaillement pour les missions militaires à l’étranger, les exercices d’entraînement, l’essai du matériel de survie, le soutien des armureries locales et la disponibilité des forces pour les urgences locales.
Comme toutes les bases militaires canadiennes, la BFC Downsview a été conçue pour fonctionner comme une ville dans une ville. Elle est dotée de logements, d’espaces de travail, de salles de classe, d’installations médicales, d’une salle de quilles, d’un gymnase et d’un auditorium. Pour pratiquement tous les aspects de la vie, on respectait un protocole militaire strict qui interdisait explicitement aux officiers et aux membres de rang et de grade différents de fraterniser entre eux et de socialiser sur la base. Chaque personne était affectée, en fonction de son grade, à une salle de mess où il était permis de socialiser avec les autres, de manger, de regarder la télévision, de jouer aux fléchettes ou au billard et même de prendre une bière. Même les époux dont les grades étaient différents éprouvaient beaucoup de mal à obtenir une exception pour assister aux fêtes annuelles de l’autre.
Le parc William Baker était l’endroit où les officiers commissionnés vivaient avec leur famille, que certains appelaient affectueusement la colline des snobs. Situé au nord de l’avenue Sheppard et à l’est de la rue Keele, ce quartier verdoyant était composé de maisons unifamiliales plus modernes, d’allées et de cours avant. Les loyers coûtaient de 400 à 1 200 $ par mois. Le personnel de grade inférieur était réparti autour du parc Stanley Greene dans des maisons jumelées d’après-guerre, construites dans les années 1950 et 1960, et dans des maisons en rangée en location sur la rue Keele, appelées maisons à prix modique.
Sur Facebook, Cathy Secord a fait part d’histoires sur la vie sur la base : « Nous avons vécu dans une maison à prix modique dans les années 1970. Nous étions six enfants et nos deux parents. Certains diraient que ces conditions de vie étaient difficiles, mais je m’en souviens seulement comme plaisantes. J’ai aimé vivre si près de tous nos voisins et avoir des amis à proximité. Nous allions au cinéma sur la base pour 35 ¢ et il y avait un grand événement pour adolescents durant l’été, le Teen Town. Le sens de la communauté était génial. »
D’autres ont ajouté des souvenirs des pompiers locaux qui inondaient les terrains de baseball en hiver pour en faire des patinoires, de la colline à l’extérieur du centre de loisirs où il faisait bon de glisser en toboggan, des enfants qui se rassemblaient pour jouer à cache-cache, des épluchettes de maïs et des cueillettes de fraises sauvages dans le champ attenant à la voie ferrée. Environ un tiers du personnel militaire de Downsview changeait de base et d’affectation chaque année. Les anciens résidents ont donc aussi parlé des difficultés liées au fait de changer de base et de devoir se faire de nouveaux amis dans de nouvelles écoles et de nouveaux quartiers aussi fréquemment.
Après le retrait du personnel militaire d’une grande partie de la base, tous les logements associés à la vie sur la base ont été démolis au cours de plusieurs années. Il reste plusieurs édifices à valeur patrimoniale associés aux activités de la base de l’Aviation royale canadienne de Toronto, dont la plupart sont regroupés le long de Carl Hall Road.